Qui suis-je ?

Qui suis-je ?

Née l’année de l’Exposition universelle

C’est sûrement pour cela que j’adore l’art déco. Deux ans plus tard, la guerre était déclarée, mon père prisonnier. Avec ma mère et ma sœur à Paris, j’ai tout connu ! les bombardements, les tunnels du métro la nuit. Le quartier des Halles où la Tante Francine nous achetait au marché noir de quoi subsister. Je ne me doutais pas alors combien ce quartier m’apporterait de joies, de surprises ensuite !

L’appétit d’apprendre

Au Collège Sophie Germain, à Paris, la surveillante générale était stricte : à 16 ans, revue de rouge à lèvres avant le passage sous le robinet. La prof de français, Mademoiselle Hy, aussi ! Mais j’y ai gagné mes lettres de noblesse en Français, avec en plus, huit ans d’Espagnol et d’Anglais.

La sténo et la typo

En sortant du collège, la sténo c’était un défi. J’étais un éclair ! ⚡️

La une du Parisien libéré d5 29 février 1956

La une du Parisien libéré du 29 février 1956

Cela m’a permis d’entrer au Parisien libéré, 124 rue Réaumur, le dimanche. Imaginez une douzaine de personnes, hommes et femmes, serrés devant des machines à écrire. À la moindre sonnerie, chacun son tour, se précipitant dans une cabine capitonnée, pour prendre en sténo comptes rendus sportifs, faits divers des correspondants et le taper ensuite.

Composition de texte au plomb

Composition d'une page de journal

Cela m’a valu de me faire remarquer par le Directeur de nuit de l’imprimerie qui m’a invitée à venir au « marbre » après mon service. Là, les « pageux » montaient le journal, avec la « casse », sous le regard des secrétaires de rédaction. Les premiers aimaient bien mon enthousiasme. Les seconds voyaient d’un mauvais œil venir la seule femme acceptée. N’empêche que je les ai souvent aidés à trouver des fautes à l’envers. Je me prenais pour Gutenberg ! Le Directeur était aussi le Président du Club des Typographes Bd Blanqui, j’y ai moi-même adhéré. J’ai ainsi assisté à la naissance du numérique, en découvrant des textes composés à l’étranger. La semaine, je travaillais dans une agence de presse.

Court passage dans l’industrie

Chez UNION CARBIDE où j’ai vendu des tonnes de produits chimiques et connu une sacrée femme qui dirigeait le Département France.

Premiers pas dans l’édition en 1965 !

Et non des moindres : les Éditions de Montsouris, grande maison de presse créatrice du Petit Écho de la Mode en 1880, puis de Rustica, puis de Mon ouvrage ma maison… en tant qu’attachée de direction des publications. Du 2ème étage, je voyais s’ouvrir les premiers bourgeons du Parc Montsouris. Je fus surprise de constater que depuis 15 ans il n’y avait eu aucun délégué du personnel, (cadre ou agent de maîtrise). Et je sentais le vent venir. Autorisée à me présenter, je suis élue déléguée agent de maîtrise !!!. Et doit faire face à 3 semaines de grêve. Du jamais vu !

Couverture des echos de la mode - 1965

L'Écho de la mode en 1965

Un jour le Centre (de Perfectionnement) des Journalistes, antenne du CFJ (Centre de Formation des Journalistes), passe dans la maison pour proposer aux Journalistes des cours de perfectionnements payés par l’entreprise. Des 80 journalistes de l’Echo de la Mode, tous déclinent, se jugeant « imperfectionnables » ! Bien que n’étant pas journaliste je suis intéressée ! Je consulte mon patron, ingénieur d’organisation, (la maison étant moins florissante). Il n’y voit aucun inconvénient. Alors commence le petit ballet des examens blancs. J’ai été très entourée. Et me suis retrouvée avec Mauricette Clément, secrétaire de rédaction de Mon Ouvrage-Maison, se trouvant, elle, « perfectionnable », à aller prendre un cours du soir par semaine 100, rue du Louvre, avec des copains de l’Huma... Mauricette et moi traversions alors Paris dans sa dodoche, presque sous les pavés. On était en mai 1968 !

Plongée dans le journalisme !

Je suis sortie avec mes diplômes en poche (secrétaire de rédaction, maquettiste) j’y ai appris le nombre d’or… et mon rapport de fin d’études portait sur « le déménagement des Halles à Rungis » !

Les anciennes halles de Paris avant leur destruction

Les halles de Paris

Destruction des anciennes Halles de Paris

La démolition des halles, l'église Saint-Eustache

Premier job de journaliste : écrire et faire fabriquer des albums sur les Pays d’Asie, sauf la Corée du Nord, mais aussi donner naissance à un mensuel économique et financier « Épargne et Placements ». l’écrire, le mettre en pages, le faire imprimer en typo à la Gazette d’Étampes. Tout ça à mi-temps. Et le faire revendre au Revenu Français. Ce n’est pas pour autant que j’aie eu le temps, en un an, de solliciter ma carte de journaliste.

Au moins J’étais entrée dans la carrière ! Second job : Journaliste à EDI, Édition et Documentation Industrielle où j’ai créé des dossiers avec des Syndicats Professionnels, de l’Industrie Pharmaceutique, de l’Industrie des Peintures, avec la Fédération de la Parfumerie… où, après avoir été Chargée d’enquêtes à Parfum, Cosmétique, Arômes.

Parfuns Cosmétiques magazine La revue créée par Jacqueline Le Nedic - Tavert en 1980

Premier numéro, paru en 1980

J’ai alors créé le mensuel « Parfums Cosmetiques Magazine »

Organe de communication entre tous les maillons de la chaîne : cosmétologues, parfumeurs créateurs, distributeurs, détaillants, coiffeurs, instituts de beauté… Où j’ai connu les plus grands, Bernard Marionnaud, né forain à Clamart, qui édifia un empire, décédé en 2015, Dominique Mandonnaud fondateur de Séphora. J’ai été jury de la Fédération des Parfumeurs Créateurs et jury des Prix d’Excellence de Marie-Claire.

Coté privé

En assistant à l’Imprimerie de Montsouris au tournage sur rotative de l’Express et du Point, j’ai aussi rencontré l’Amour. En la personne du Directeur de l’Imprimerie. Cela n’a pas été sans soubresauts.
En 1972, à 36 ans, naissance de Claire, ma fille chérie. Après des mois passés entre deux trains, un accouchement sans problème, un congé de maternité écourté, l’allaitement... J’ai vu ma fille avoir du mal à s’installer dans la vie. Je lui consacrais du temps le mercredi dans les CMPP. Et bien que je compense dans mon travail, ce n’était pas du goût de mon employeur, jaloux, qui me harcelait. « Je sais bien que vous vous en passeriez d’avoir une enfant qui a des problèmes ! » ai-je entendu pendant des mois. Mais j’ai continué avant de prendre la tangente !

La presse féminine, en 1985, enfin !

Je rencontrais mes consœurs lors de conférences de presse. Marie-Françoise Dubillon, quittant PRIMA pour VOTRE BEAUTÉ, me propose de prendre sa suite, en tant que Chef de Rubrique Beauté, Forme, Diététique dans ce grand groupe Prisma-Média de Grünen und Yahr, dirigé par Axel Ganz, où les titres ne sont pas prétentieux ! La Presse populaire, soi-disant, où il y a « Géo », « Ça m’intéresse », « Voici »…, des rewriters et une académie des journalistes à l’époque! Un grand homme de presse, Axel Ganz, avec qui j’ai aussitôt sympathisé. Qui a lancé PRIMA et FEMME ACTUELLE, à la lumière d’études qui portaient les tirages à des millions ! Il a procuré aux journalistes la participation aux bénéfices, l’accession à une mutuelle et a offert des cours (pour moi allemand, micro-informatique et expression devant la caméra) !
Je commandais des articles à des Pigistes, réécrivais souvent et travaillais beaucoup. Formée à l’expression devant la caméra, conseillée sur tous les éléments de mon look (tissus, couleurs, bijoux) je participais à des émissions de télé sur Matin Bonheur.

Très bien à PRIMA, mais…

Un jour de 1998, j’entre dans le bureau de ma rédactrice en chef de l’époque pour lui annoncer « Je m’ennuie ici. Je devance la retraite. J’ai envie de créer 1 cabinet de marketing et communication. De chanter dans 1 grande chorale. De m’occuper des personnes handicapées mentales ».

• Avec mon nouveau cabinet, JLN Conseil, j’ai été pendant 4 ans « la voix unique » de "PRÉCISION" de Chanel, dont je rédigeais tous les textes promotionnels. J’ai fait bien d’autres choses encore, que je détaillerais plus tard.

• les Chœurs de Paris XIII, composés de 1000 choristes, sous la direction de Pierre Molina, m’ont donné l’occasion de chanter à l’Église de La Madeleine, de la Trinité, au Palais des Congrès (même avec un péroné cassé). Et, en 1998, avec 299 autres choristes, en aube, au Stade de France, derrière Johnny Hallyday ! À l’époque j’avais commencé à apprendre le chinois. Il m'a fallu faire un choix pour me perfectionner en solfège et devenir soliste. J’ai monté récitals et concerts, opéras-bouffes.
J’ai aussi fait le clown « Jaco », avec Damien Luce ! L’occasion pour moi de rédiger un monologue (lire ▶︎) !
Craignant pour ma voix, je me suis tournée vers le théâtre, d’abord au QG de l’Acteur, où j’ai joué Mamie de Huit femmes ! Puis, dans un training avec le Grenier de Babouchka dirigé par Jean-Philippe Daguerre et Charlotte Mazneff, qui dirigent, créént et ont tout le succès qu’ils méritent. J’ai joué avec eux des pièces courtes ainsi que du Courteline, du Feydeau, Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare où j’ai pu continuer de chanter.

• J’ai présidé l’Association Edouard Seguin, à La Garenne Colombes qui gérait quelque quarante adultes handicapés mentaux, y compris ma fille. Je suis toujours bénévole auprès des Papillons Blancs de Paris.

Et je n’ai toujours pas l’intention de m’ennuyer !!!!!

Jacqueline Le Nédic Tavert